Steenkerque


 

Histoire du village de Steenkerque

Bataille de Steenkerque - 3 aout 1692 (suite)

Le texte qui suit est extrait du site "Les batailles de France" avec leur aimable autorisation


Le contexte historique

Luxembourg, vainqueur des Alliés à la bataille de Fleurus en 1690, s'était emparé d'une partie de la Belgique. Cependant les Alliés n’avaient pas dit leur derniers mots.
Le prince de Waldeck démissionna et le Roy d’Angleterre, Guillaume III d’Orange, prit le commandement de l’armée Alliée. Celle-ci se composait de soldats Anglais, Hollandais et Allemands.

 

Le front des pays-Bas est le thêatre de sièges et de combats acharnés pendant la guerre de la ligue d'Augsbourg. Louis XIV aidé de Vauban, fait capituler Mons en 1691 et Namur en juin 1692. Luxembourg, auréolé de sa victoire de fleurus, poursuit en Flandre sa lutte contre la coalition qui regroupe la presque totalité des États d'Europe.

Luxembourg, à la tête d'une armée de 50 000 hommes, installe son camp à Enghien le 31 juillet pour se rapprocher des forces de Guillaume d'Orange. Le même jour, Millevoy, espion à la solde de Luxembourg, est arrêté par l'Electeur de Bavière qui va profiter de l'occasion pour utiliser une ruse de guerre à partir d'une fausse nouvelle.
On dicte à Millevoy une lettre révélant que les alliés iraient au fourrage Couper et amasser du fourrage. Il se disait surtout en termes de Guerre. Fourrager dans un champ, dans un village. face à la droite française le 3 août, la missive arrive au maréchal le 2 août...

Avant la bataille
A trois heures du matin, on vint réveiller le maréchal Luxembourg. On voyait, disait l'estafette, une grosse colonne de cavalerie ennemie avançer vers Sainte-Renelle et qui obliquait du côté d'Enghien. Dans le même temps, un éclaireur, posté au loin au moulin de Haute-Croix, annonçait la même nouvelle . Ce dernier ajoutait que ce n'était, selon toute apparence, qu'une escorte de fourrageurs car des soldats fauchaient autour des escadrons.
Cet avis semblait confirmer l'information envoyée par Millevoix et Luxembourg n'y attacha d'abord que peu importance. Deux heures plus tard, un deuxième message mentionnait d'épaisses masses d'infanterie qui se glissaient derrière la cavalerie. Il s'agissait de l'armée du prince d'Orange.

Le maréchal Luxembourg se leva, sauta en selle, gallopa vers Steinkerque et gravit une hauteur d'où l'on dominait la contrée. Il y fut vite rejoint par son état-major qu'il avait fait prévenir en hâte. C'étaient les ducs du Maine et de Chartres, le prince de Conti, le duc de Bourbon, les deux princes de Vendôme, le maréchal de Villeroy, le duc d'Elbeuf et le prince de Turenne. "La troupe dorée", ainsi qu'on les appelait, la plupart à demi vêtus et à peine arrachés au sommeil.

Aussi loin que portait la vue, la plaine, étroite et longue, était comme « fourmillante de troupes ». Elle se trouvait alors hérissée de mousquets, de piques, de baïonnettes que faisaient étinceler les premiers rayons du soleil. Une puissante armée de quatre-vingt mille hommes où flottaient les drapeaux de l'Angleterre, de l'Espagne, de l'Empire et des Provinces Unies et dont la première colonne n'était qu'à deux milles de distance.

 

Déroulement de la bataille
À la minute, le plan du maréchal Luxembourg fut fait. Parmi le silence consterné de tout son entourage, sa voix, nette et vibrante, donna les instructions . Luxembourg régla les postes et distribua les rôles sans omettre un détail et avec un calme qui rendit la confiance aux plus abattus.

Tandis que dans le camp Français on battait la générale et qu'on faisait prendre les armes aux soldats endormis ; Luxembourg reconnaissait le champ de bataille, fixait la zone d'action et s’assurait des points essentiels. C’est sur sa droite que se ferait “la véritable attaque”, aussi est-ce vers Steinkerque que Luxembourg accumula ses grosses masses d'infanterie.

Comme le temps pressait et que, d'un instant à l'autre, on pouvait avoir l'avant-garde ennemie sur les bras pendant que les lignes se formaient, le maréchal Luxembourg envoya les troupes qui se trouvait à sa portée (brigade de Bourbonnais, quelques escadrons de dragons) et les jeta en avant, afin de recevoir le premier choc et ralentir la marche des Alliés.

Derrière eux, la Maison du Roy formait comme un rempart épais sur cinq lignes de profondeur. Cette troupe d’élite s'appuyait au bourg de Steinkerque et se trouvait flanqué à droite par un ruisseau qui l’empêchait d’être tournée.

Des courriers partirent au galop chercher la division du marquis de BoufflersMaréchal Boufflers qui campait à trois lieues de là. La précaution d'ailleurs se trouva superflue : cet excellent lieutenant, entendant le bruit du combat, s'était mis de lui-même en route et courait au canon.

La confusion régnait encore dans une partie de l'armée française lorsqu'on vit déboucher, vis-à-vis de Steinkerque, une forte colonne d'infanterie ennemie. C'était une division Anglaise avec un détachement Danois.

A leur tête se trouvait le duc de Wurtemberg. A l'étonnement général, l'avant-garde ennemie s'arrêta et se mit posément en bataille.
Elle demeura près de quatre heures en place sans faire aucun mouvements. Que se serait-il passé si l'ennemi avait attaqué ?

Les hostilités débutèrent par une longue canonnade. L'artillerie des Alliés, nombreuse et bien servie, ouvrit vers neuf heures du matin un feu nourri sur les lignes Françaises qui ne purent riposter : l'artillerie n'étant pas en place.

Vers midi, la division Anglaise, commandée par Mackay, passa à l'attaque, elle fut reçue avec fermeté et les deux troupes se mêlèrent de si près que "les mousquets s’entrecroisaient" et qu'on se tuait à bout portant.
Le duc de Württemberg, étonné de la résistance des Français, fit alors avancer les bataillons Danois tandis qu'une batterie de canons accablait les régiments français d'une terrible pluie de mitraille. En peu de temps, les français perdirent 1500 hommes.
Bourbonnais recula et céda sous l'ouragan de feu. L'ennemi se rendit maître des premières haies et s'empara de six pièces d'artillerie. L’ennemi se borna à son premier succès car le prince de Conti, se jetant en avant avec la brigade de Pollier, arrêta la poursuite.

Régiment de mousquetairesCe premier engagement fut suivi d'un répit qui ne fut pas de longue durée. Le duc de Württemberg en profita pour essayer une manœuvre audacieuse.

À la faveur des haies et des broussailles, il se coula doucement avec huit bataillons Alliés vers le centre de la ligne. Puis, par un rapide volte-face, il se rabattit sur l'aile droite Française et la prit par le flanc, tandis qu'au même moment la division Anglaise de Mackay la poussait brusquement en tête.

Sous cette double pression, les deux premières lignes Françaises fléchirent, sans désordre, mais en abandonnant une nouvelle batterie de canons que l'ennemi tourna contre eux.
Le duc de Württemberg, assemblant alors toutes ses forces, s'établit solidement en face du village de Steinkerque et fit placer des "chevaux de frise Les chevaux de Frise sont un type de barrière utilisée depuis le Moyen Âge. Elle est censée avoir reçu son nom pendant la guerre de Quatre-Vingts Ans, ou révolte des Pays-Bas. C'est avec elle que les assiégés de la ville de Groningue (proche de la Frise) réussirent à contrer les assauts de la cavalerie espagnole.
À l'origine, elle était constituée de croisillons de bois et dirigée contre la cavalerie, mais les variantes modernes d'acier ou de béton sont utilisées comme barrières ou herses contre les chars et autres véhicules. Les chevaux de Frise sont formés de poutres d'environ 1,5 m, aiguisées, assemblées en croix, et solidarisées par une poutre longitudinale qui assure la stabilité de l'ensemble.
" sur le front de sa ligne.
Par la suite, derrière ce fragile rempart, il ouvrit un feu de mousqueterie qui fut extrêmement meurtrier.

Luxembourg appela la brigade des Gardes Françaises, le régiment des Gardes Suisses, toute l'infanterie Française de la Maison du Roy et les joignit à ce qui restait des brigades décimées de Pollier et de Bourdonnais. Comme les fusils Anglais tiraient plus vite que les mousquets français, le maréchal Luxembourg recommanda partout qu’on aborda l'ennemi de près et qu’on usât de l’arme blanche.

La colonne Française s'ébranla et marcha vivement à l’attaque. Ce fut, écrit d’Artagnan, “le plus beau spectacle qui se puisse imaginer” . Les décharges, les volées de mitraille, rien n’arrêtait ce bloc de fer, n'arrêtait cette marche inflexible . L’ordre des rangs n’était même pas troublé . D'un bout à l'autre de la ligne, un même cri se faisait entendre: “L’épée à la main ! L’épée à la main ! Ne tirez pas!” . Et ce fut en effet “l'acier qui fit toute la besogne”.

Les Gardes du Roy les premiers entrèrent dans le carré . Les autres régiments Français passèrent par la trouée, aucune barrière ne put tenir devant une poussée si terrible. Les bataillons Anglais, disloqués et rompus, se firent hacher sur place. Peu habiles à manier les épées et les piques ; ne pouvant, dans cette mêlée, mettre leurs fusils en usage, ils n'opposèrent aux français qu’une faible résistance inerte et le carnage fut affreux.

La division Anglaise de Mackay fut entièrement anéantie . De ses cinq régiments, les plus beaux d’Angleterre, on peut dire qu’il ne resta rien . Mackay ne voulut pas survivre à ce désastre, il refusa quartier et fut percé de coups. Trois autres généraux Anglais : Douglas, Lanier et Montjoy furent tués ou pris à ses cotés.

Les français récupérèrent tous les canons, précédemment perdus, plus une dizaine appartenant à l'ennemi. L'aile gauche des Alliés tout entière fut bientôt en déroute . Sans le comte d'Owerkerque, qui amena du renfort et soutint la retraite, elle n'eût pas évité la destruction totale.

A 19h00 heures, d'un bout à l'autre de la ligne, les français avaient l'avantage . Des estafettes annonçaient l'arrivée imminente de la division de Boufflers qui allait fournir dix mille hommes de troupes fraîches. Guillaume d'Orange craignit un écrasement complet, il fit sonner la retraite.

Ainsi prit fin cette journée mémorable, l'une des plus chaudes et des plus sanglantes de cette guerre. La perte des Alliés fut évaluée à 12 000 hommes . La promptitude de leur retraite fit qu'ils laissèrent sur place un très grand nombre de blessés. L'ennemi abandonnait 1 300 prisonniers, douze canons, autant de drapeaux. Mais ces trophées coûtaient cher : près de huit mille hommes hors de combats, dont sept cent officiers côté français.

 

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